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En quoi le Canada est-il un pays au potentiel numérique infini?

Le Canada, fort d’une croissance explosive de son infrastructure informatique, est la vedette numérique de l’interconnexion locale et mondiale

Andrew Eppich
En quoi le Canada est-il un pays au potentiel numérique infini?

Il est facile de se représenter l’économie numérique comme étant une entité mondiale unique mais, en réalité, elle est constituée d’un ensemble de régions interconnectées. Chaque région est le siège d’écosystèmes numériques, où partenaires et fournisseurs de services s’interconnectent pour collaborer et échanger des données.

Par conséquent, une infrastructure numérique distribuée s’est constituée pour favoriser l’essor de ces écosystèmes. Chez Equinix, nous appelons ces régions interconnectées des « couloirs numériques ». Comprendre où se forment les couloirs numériques et pourquoi, est indispensable si l’on veut comprendre l’économie numérique dans son ensemble.

À bien des égards, le Canada est aujourd’hui l’un des couloirs numériques les plus dynamiques au monde. L’expansion croissante de l’infrastructure numérique au pays révèle des perspectives d’avenir que de nombreuses entreprises entrevoient ici, ainsi que la demande qui alimente cette croissance.

Cette demande provient autant d’entreprises canadiennes qui cherchent à se développer à l’étranger que des multinationales qui se lancent pour la première fois sur le territoire canadien. Jetons donc un coup d’œil sur quelques écosystèmes sectoriels qui dynamisent la croissance numérique dans les principales villes canadiennes :

  • Toronto, carrefour mondial de services financiers, doit disposer nécessairement de systèmes d’échange de données, rapides et sécurisés, avec d’autres carrefours financiers comme New York et Londres. Selon l’Indice mondial d’interconnexion (GXI) 2023, une étude de marché publiée par Equinix, la bande passante d’interconnexion[i] à Toronto augmentera, sur cinq ans, à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 46 %, ce qui en fait l’une des métropoles périphériques à la croissance la plus rapide sur le continent américain.
  • Montréal, leader dans les secteurs tels que les télécommunications et l’aérospatiale, est, de son côté et à l’instar de Toronto, appelée à voir sa bande passante d’interconnexion grandir à un TCAC de 46 % sur cinq ans.
  • Ensemble, Toronto et Montréal sont les moteurs de l’avenir de l’intelligence artificielle (IA) : Toronto représente l’une des plus fortes concentrations de jeunes entreprises d’IA au monde, tandis que Montréal affiche la plus forte concentration de chercheurs en IA au monde.[ii]
  • Vancouver renferme des écosystèmes numériques dynamiques dans des secteurs tels que les jeux, la production cinématographique et télévisuelle, ainsi que l’animation et les effets visuels.
  • Calgary et Edmonton, jouant toutes deux un rôle de premier plan dans le secteur de l’énergie au Canada, sont à l’origine de nombreuses innovations dans les domaines des ressources pétrolières et gazières, éoliennes, solaires, bioénergétiques et géothermiques.

Les perspectives de croissance de ces écosystèmes sectoriels et d’autres encore au Canada signifient une plus grande dépendance à l’égard de l’infrastructure numérique et des offres d’interconnexion, ainsi qu’une plus grande demande dans ce domaine. Les paragraphes qui suivent présentent quelques raisons pour lesquelles je suis si optimiste face à l’avenir numérique du Canada.

Adaptation face aux défis à relever au chapitre de la souveraineté des données

L’un des principaux facteurs d’expansion de l’infrastructure numérique au Canada est l’évolution constante des règlements sur la souveraineté des données. À l’heure actuelle, les pays du monde entier adoptent des lois plus strictes à l’égard de la protection des données personnelles en imposant aux entreprises de nouvelles exigences concernant tant la manière dont elles les protègent que le lieu où elles les sauvegardent. Par sa Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE)[iii], le Canada s’est placé à l’avant-garde de cette tendance.

Cependant, pour les entreprises canadiennes, la maîtrise de ces exigences réglementaires constitue un vrai défi. L’Enquête Equinix sur les tendances technologiques mondiales en 2023 (contenu français à jour à venir en ligne sous peu) mentionne que 60 % des dirigeants en TI canadiens ont déclaré que leur entreprise n’était pas préparée à l’évolution des règlements sur la souveraineté des données suite à l’insuffisance de leur infrastructure. Les fournisseurs de services numériques prennent le relais pour aider les entreprises canadiennes à se doter des moyens de maîtriser cette complexité.

Souveraineté des données et déconnexion transfrontalière

Dans le passé, le Canada, étant donné sa superficie et la faible densité de sa population, avait du mal à se doter d’une connectivité numérique sur l’ensemble de son territoire. Pour pallier leurs besoins en TI, de nombreuses entreprises canadiennes ont dû recourir à des ressources d’infrastructure numérique disponibles de part et d’autre de la frontière canado-américaine. Par exemple, Vancouver est beaucoup plus proche de Seattle que de Toronto et donc, théoriquement, il est plus rapide et plus facile pour les entreprises locales de s’approvisionner en services infonuagiques en provenance des États-Unis.

Malheureusement, aujourd’hui, les exigences relatives à la souveraineté des données impliquent que le transfert transfrontalier de données peut engendrer des risques réglementaires que ces entreprises ne peuvent se permettre. Et pour compliquer encore plus les choses, les services infonuagiques au Canada, depuis toujours, ne sont disponibles qu’à partir de Toronto, de Montréal et de Vancouver. Dès lors, lorsqu’une entreprise en Alberta avait besoin d’accès infonuagique localement, elle n’aurait d’autre choix que de se tourner vers Toronto, à des milliers de kilomètres de là, malgré la latence très élevée à son encontre causée par le transport de ses données sur une si grande distance.

Alors que de nombreuses entreprises ont tenté de contourner ces difficultés, d’autres ont vu les possibilités qui s’offraient à elles, une prise de conscience qui a donné lieu à une offre très large de services d’infrastructure dans de nombreux endroits du Canada. En d’autres termes, les lois sur la souveraineté des données ont eu un effet déterminant en donnant une impulsion à la connectivité nationale, de l’est comme de l’ouest du pays, en incitant des entreprises comme Equinix à faire des investissements importants dans le soutien des technologies de l’information au Canada.

Par exemple, Equinix Fabric®, le logiciel par lequel nos clients interconnectent leur infrastructure numérique et rejoignent notre écosystème numérique de partenaires et de fournisseurs, n’était à l’origine disponible qu’à Toronto. Depuis, il est devenu disponible à Calgary, Kamloops, Montréal, Vancouver et Winnipeg, transformant les possibilités numériques dans chacune de ces villes.

Profitant d’Equinix Fabric, nos clients peuvent accéder directement aux services dont ils ont besoin. Par exemple, en 2022, Google a annoncé la disponibilité de Google Cloud Interconnect (GCI) à Calgary (contenu français à jour à venir en ligne sous peu) via Equinix Fabric, offrant ainsi aux entreprises locales, pour la première fois, l’accès aux services infonuagiques à faible latence. Cette offre n’est qu’un exemple des interconnexions qui se développent à l’échelle du pays et qui aident les entreprises de tous les secteurs à prospérer au Canada et à l’étranger.

Le Canada est, pour les entreprises internationales, une cible d’expansion attrayante

Autre facteur d’incitation : de nombreuses entreprises multinationales envisagent de s’implanter au Canada en raison de son engagement en faveur de la protection et de la souveraineté des données, ainsi que de son environnement économique et social relativement stable. Le Canada est le seul pays d’Amérique du Nord à avoir reçu de la Commission européenne une « décision d’adéquation » pour toutes les organisations commerciales, ce qui signifie que les entreprises ont l’assurance du transfert de leurs données entre l’Europe et le Canada sans devoir déployer de mesures de protection supplémentaires.[iv]

Cette marque de confiance est l’une des raisons pour lesquelles le Canada s’impose ou devrait s’imposer en toute logique aux entreprises européennes désirant s’implanter en Amérique du Nord. En effet, elles peuvent exercer leurs activités sur les deux continents sans modifier leur approche ni s’exposer à des risques ou à une complexité réglementaires.

Outre les garanties de souveraineté des données, le Canada présente bien d’autres aspects qui attirent les investissements étrangers. Par exemple, le Canada favorise le commerce international comme en témoigne l’AECG entre l’UE et le Canada qui, simplifiant encore plus l’accès des entreprises européennes au marché canadien,[v] mise également sur les valeurs que partagent le Canada et l’UE en matière de droits du travail, de protection de l’environnement et de développement durable.

D’autre part, le Canada, désireux de capitaliser sur sa présence stratégique sur la côte pacifique, a pris des mesures conséquentes en élargissant ses liens économiques avec la région Asie-Pacifique (APAC). En l’occurrence, il s’agit de l’Initiative de la Porte et du Corridor de l’Asie-Pacifique (IPCAP), une série de stratégies visant à faire du Canada la principale plaque tournante entre l’Asie et l’Amérique du Nord pour le commerce, l’investissement et les échanges culturels.[vi]

Sur le plan de l’infrastructure numérique, il est clair que ces stratégies portent leurs fruits. En 2022, Google a annoncé le projet Topaz, le premier système de câble sous-marin à relier directement le Canada à l’Asie[vii] et qui, lorsqu’il sera opérationnel, raccordera Vancouver à Mie et à Ibaraki, au Japon. Comme l’affirme Google, ce nouveau câble facilitera l’accès à ses services dans des conditions de faible latence, tout en augmentant la capacité des opérateurs de réseaux des deux côtés du Pacifique. En somme, les investissements dans le câble comme celui-ci rapprocheront le Canada et l’Asie, créant ainsi de nouvelles possibilités commerciales.

Tape Ark, un client d’Equinix spécialisé dans la migration bande-nuage, est l’une des entreprises de la région APAC à avoir vu le potentiel — et compris la nécessité — de venir s’implanter au Canada. Certes, Tape Ark avait l’ambition de se développer hors de l’Australie, son pays d’attache, mais se heurtait, comme tant d’autres entreprises, à la complexité inhérente à la souveraineté des données de divers territoires. En fait, l’un de ses clients, une grande société minière canadienne, voulait faire migrer des données — de plusieurs dizaines de pétaoctets — vers le nuage sans que ces données ne quittent le Canada.

Tape Ark a relevé le défi en faisant appel à Equinix. Grâce à notre centre de données en colocation IBX® d’Equinix à Montréal, l’entreprise a pu se donner rapidement une présence numérique au Canada, sans devoir investir dans une infrastructure matérielle. Ensuite, elle s’est servie d’Equinix Fabric pour combler ses besoins en connectivité infonuagique. Actuellement, Tape Ark peut se connecter directement à des services d’informatique en nuage à très grande échelle comme Amazon Web Services et Microsoft Azure, et ce, en l’espace de quelques minutes. Étant donné que l’installation d’Equinix offre une proximité directe aux rampes d’accès infonuagique, Tape Ark bénéficie aussi d’une faible latence. La société peut donc même migrer des ensembles de données extrêmement volumineux sans retards inutiles.

Les entreprises canadiennes doivent investir dans la bonne infrastructure numérique…

… et donc chercher à s’associer à des entreprises qui ont fait de leur propre investissement une priorité. Par exemple, Equinix s’est dévouée à devenir la société d’infrastructure numérique à laquelle les entreprises canadiennes peuvent se fier, soit un système de soutien mondial. En 2020, nous avons acquis 13 centres de données dans une transaction évaluée à plus d’un milliard de dollars canadiens, sur huit marchés situés à travers le pays. Nous avons ainsi élargi notre empreinte en centres de données au Canada de Saint John, à l’est, à Vancouver, à l’ouest, en passant par les grandes zones métropolitaines. Nous entendons investir encore dans de nouvelles installations, au gré de la demande croissante, et avons tout dernièrement mis en service un deuxième centre de données à Montréal.

Forts de notre investissement milliardaire initial, sans compter toutes les expansions stratégiques annoncées depuis, nous offrons le meilleur d’Equinix au Canada et le meilleur du Canada au reste du monde. Et ce n’est qu’un début.

Nos efforts au Canada ont valu à Equinix la mention de leader auprès d’analystes tels que ceux d’IDC, dans le rapport suivant : « IDC MarketScape : Évaluation des fournisseurs de services de colocation et d’interconnexion de centres de données canadiens 2022 ».

« Selon IDC, les principaux éléments différenciateurs d’Equinix au sein du marché canadien résident dans sa portée nationale et mondiale et dans le caractère novateur de ses services. »[viii]

Pour en savoir plus sur les considérations essentielles qui président au déploiement d’une infrastructure numérique au Canada et sur ce à quoi Equinix doit sa position de leader dans le pays, veuillez lire cet extrait du rapport IDC MarketScape.

 

 

[i] La bande passante d’interconnexion, calculée en bits/seconde, mesure la capacité fournie à l’échange privé et direct de trafic entre deux parties, à l’intérieur de centres de données de colocation neutres vis-à-vis de l’opérateur.

[ii] Montréal : leader mondial en intelligence artificielle, Montréal International.

[iii] La Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE), Commissariat à la protection de la vie privée du Canada

[iv] Décisions d’adéquation de la protection des données, Commission européenne.

[v] Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’UE, Commission européenne.

[vi] À propos de la Porte canadienne de l’Asie-Pacifique, Fondation Asie Pacifique du Canada.

[vii] Bikash Koley, Introducing Topaz — the first subsea cable to connect Canada and Asia (Voici Topaz – le premier câble sous-marin reliant le Canada et l’Asie), Blogue Google Cloud, 6 avril 2022.

[viii] Jason Bremner, IDC MarketScape : Évaluation des fournisseurs de services de colocation et d’interconnexion de centres de données canadiens 2022, IDC, novembre 2022, extrait d’IDC, CA49811122.

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Andrew Eppich Managing Director, Canada
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